• By Yacine Boulmis, Touatia Amraoui
  • Last updated 08 February, 2018

El Guelta (El Guelta, Algeria)

Algeria > Chlef Province > El Guelta


Sur une petite colline dominant la berge occidentale de l’Oued Bou Aïdane qui délimite le village moderne à l’ouest et à environ 150 m du rivage, un atelier de salaisons a été repéré en 1935 par Jules Coco (Directeur de la 20ème Circonscription Archéologique d’Algérie- Région du Dahra). La fouille s’est déroulée du 23 juillet au 10 août 1954. Mis à part le compte-rendu succinct publié par M. Leglay en 1955, les résultats n’ont jamais fait l’objet d’une publication. Nous disposons toutefois de trois lettres résumant les découvertes adressées par J. Coco au Directeur des Antiquités apportant des détails sur la fouille qui ont pu être confrontés à l’étude des vestiges encore visibles sur le terrain. Cette analyse a permis de dresser un plan d’une partie de l’atelier et une description plus détaillée des vestiges.

Selon J. Coco, le bâtiment se composait de deux parties distinctes qui ne lui semblaient pas contemporaines. L’une, à l’est, constitue la batterie de cuves, l’autre, à l’ouest, offrait une superficie double mais n’est plus visible de nos jours. Il est donc encore impossible de définir les liens entre ces deux ensembles.

La partie orientale est formée d’un ensemble de neuf cuves (A-I) de forme rectangulaire aux angles arrondis disposées sur trois côtés (sud, est et ouest) autour d’une plateforme rectangulaire d’une superficie d’environ 18,5 m². Les cuves comme la plateforme qui les surplombe étaient recouvertes d’un épais mortier de tuileau. Les cuves sont construites en moellons liés par un mortier de chaux très compact. Le mortier de tuileau sur les parois internes des cuves est très compact, de couleur blanche ; il contient quelques cailloutis. La surface est lissée et présente par endroits des traces d’outil disposées en forme d’épis. Le sol des cuves avait été également imperméabilisé à l’aide d’un mortier de tuileau.

Les dimensions des cuves sont plus ou moins égales (en moyenne 2,40 x 2,15 x 1,40 m). Seules les cuves E et F sont aujourd’hui accessibles, les autres ont été remblayées ou remployées à divers usages utilitaires par la famille occupant une maison à quelques mètres à l’ouest. Une citerne couverte souterraine de 20m3 est sise juste à l’ouest de la rangée de cuves occidentale.

Aux angles nord-est et nord-ouest de la plateforme, deux cavités enduites elles aussi d’un enduit y ont été aménagées ; elles ont un diamètre de 0,80 m et 0,70 m et une profondeur de 0,40 m et 0,30 m. Faute d’information complémentaire, il est difficile de proposer une interprétation de ces cuvettes. S’agissait-il de réserves de sel ou de cuvettes de nettoyage ?

Pour ce qui est de la partie occidentale, aujourd’hui disparue, J. Coco décrit les vestiges de six pièces, d’une surface allant de 20 à 60 m2, délimitées par de longs murs épais de 0,45 m à 0,90 m. Ils sont construits en gros galets de rivière, liés avec de la terre et présentant une mise en œuvre assez grossière comparée à celle de la partie orientale.

D’après le rapport de J. Coco, les deux parties de la fabrique sont séparées par un grand mur, oblique par rapport à la rangée de cuves occidentale, se terminant par une courbe. Entre ce mur et la rangée ouest de cuves, une construction de forme circulaire présentant en surface un radier en galets a été découverte vers le nord ; son fond, situé à 0,70 m de profondeur, est constitué d’une couche de béton compacte. Cette structure n’est pas visible aujourd’hui sur le terrain ; sa fonction ne peut être encore précisée.

Volume estimé : 65 m3.

Ressources marines

La fouille de la cuve G a révélé la présence d’une couche de 18 à 20 cm d’épaisseur « d’une matière pulvérulente, craquant sous les doigts, de couleur brun chocolat, composée de milliers de débris brillant au soleil, où l’on distinguait des cartilages, arêtes, écailles et os de têtes de poissons ». Un prélèvement a été effectué par J. Coco et envoyé à la Direction des Antiquités à Alger. Hélas, aucune analyse n’a été faite de ce prélèvement dont la localisation aujourd’hui n’est pas connue : il est impossible d’identifier le type de production ni les poissons employés.

Chronology

La seule indication d’ordre chronologique dont nous disposons est la découverte près de l’orifice de la citerne d’ « une pierre (qui) recouvrait un petit trésor de 119 monnaies, malheureusement très abîmées, mais parmi lesquelles dominent les pièces du IV' s., de Constantin en particulier ». Dans la cuve F, une main d’enfant en marbre a été mise au jour.

Faute d’informations complémentaires, il est difficile de dater avec précision la période de fonctionnement de cet atelier qui a pu être abandonné au plus tard entre le IVe et le Ve siècle de notre ère. Toutefois, cette officine pourrait avoir été construite au cours du IIIe s. car, typologiquement, les cuves à angles arrondis et l’opus mis en œuvre pour bâtir les parois sont à rapprocher de celles de l’atelier A de Tipasa et de l’atelier des Trois Îlots qui seraient datables de cette période.

Bibliography

  • Amraoui, T. 2014, "La production urbaine de salaisons en Algérie romaine : l’exemple de Tipasa (Maurétanie césarienne)", In: Botte, E.& Leitch, V. (eds.). Fish & Ships. Production et commerce des salsamenta durant l’Antiquité, BiAMA Aix-en-Provence. pp. 91-101.
  • Amraoui, T. 2017, L'artisanat dans les cites antiques de l'Algerie: (Ier siecle avant notre ere -VIIe siecle apres notre ere). Archaeopress Roman Archaeology, vol. 26, Oxford.
  • Leglay, M. 1955, "L'archéologie algérienne en 1954", Libyca, vol. 3, pp. 188.

Cetaria file citation

Yacine Boulmis, Touatia Amraoui, «El Guelta (El Guelta, Algeria)»,  RAMPPA, Atlantic-Mediterranean Excellence Network on Ancient Fishing Heritage (http://ramppa.uca.es/cetaria/el-guelta), 08 February, 2018.

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Yacine Boulmis (Université Montpellier III)

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El Guelta (El Guelta)

Chronology

-550 700

Geographic location

Roman province: Mauretania Caesariensis

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