Les vestiges se situent à hauteur de falaise à environ 25 m NGF, dans l’ancien jardin du chef de gare. L’antiquité et la véritable fonction de ces bassins sont reconnues depuis 1984 grâce à l’intervention de M. Chansac et J.-L. Tobie. Deux bassins sont vidés de leurs comblements sans avoir fait l’objet d’une étude approfondie. En 1988, un troisième bassin, fouillé partiellement par M. Chansac, a livré une plaque de marbre à 12 cm du fond du bassin 8. Cette dédicace funéraire, datée du Ier s. ap. J.-C., met en lumière trois affranchis et le nom de leur patron, Caius Iulius Leo. Malgré cette découverte, il faut attendre l’intervention de F. Mayet et R. Étienne (Etienne, Tobie, Chansac, 2006) pour rendre à cette inscription sa portée historique. Dans la continuité de ce nouvel intérêt, une fouille a été menée durant l’été 2009.
Les bassins à salaisons de Guéthary se caractérisent par une construction maçonnée mesurant environ 8,80 m sur 3,60 m. Elle est positionnée nord-est/sud-ouest et n’est pas tout à fait parallèle à la voie ferrée. Fortement arasée, elle n’est pas conservée sur toute sa hauteur originelle (hauteur maximale observée par rapport au fond des bassins : 0,95 m). Sept bassins se dessinent au sein de cette maçonnerie : trois sont conservés sur toute leur surface (BS4, BS6, BS8) et sont de tailles identiques (2,60 m sur 2,20 m) ; quatre autres sont détruits presque intégralement (BS1, BS2, BS3, BS5). Il n’en subsiste qu’une partie du solin d’étanchéité posée contre deux ou trois parois de la maçonnerie. Il est possible de restituer une double rangée de quatre bassins sans connaître l'étendue complète de l'atelier, ni les possibles aménagements associés.
L’établissement de Guéthary cumule de multiples spécificités. À travers toutes ces caractéristiques, l’influence romaine peut être appréciée dès l’époque augustéenne. En premier lieu, la construction de ces bassins en opus caementicum témoigne de cette influence et d’une adaptation des bâtisseurs aux contraintes locales. Suite à l’abandon, ce sont ces mêmes bassins qui ont livré l’inscription funéraire. Cette découverte permet d’explorer un versant peu connu dans le domaine des sauces et salaisons de poisson : le statut et l’organisation de la main d’œuvre au sein des unités de production. Cette famille d’affranchis possédait un statut social privilégié, lié à leur rôle au sein de l’atelier à salaisons. Le type de production, certainement introduit par une population « romanisée », ne peut que favoriser la diffusion du mode de vie romain. Bien que leur composition nous soit inconnue, les produits issus des bassins de Guéthary ont dû vraisemblablement y contribuer.
Restes des rejets de consommation sur place (Ephrem, 2014, pp. 111-112)
Première moitié du Ier s. ap. J.-C.
céramiques (sigillées, amphores), épitaphe
Brice Ephrem, «Jardin du chef de gare (Guéthary, France)», RAMPPA, Atlantic-Mediterranean Excellence Network on Ancient Fishing Heritage (http://ramppa.uca.es/cetaria/jardin-du-chef-de-gare), 23 November, 2016.