Situé au sud du cap Spartel et à proximité du Ras Achakar et de l’embouchure de l’oued el Khil, le complexe de Cotta a été partiellement dégagé par L. C. Montalbán dans les années 1920, avant d’être fouillé par M. Ponsich à partir de 1959 (fig. 1). La fabrique de salaisons est, dans son premier état (fig. 2), composée de quatre ensembles bien distincts. Au centre, un bâtiment de 25 x 19 m abrite 16 bassins de diverses dimensions, une chaufferie, qui pourrait avoir servi à la fabrication du sel ignifère, et un magasin ; au-dessous se trouve une citerne, alimentée par un impluvium central. Au nord et à l’est, un large couloir dallé le flanque, permettant l’accès aux autres parties du complexe, à savoir, dans la partie septentrionale, un espace de travail également dallé prenant la forme d’une longue galerie (35 x 9 m) au centre de laquelle sont aménagés deux longs murets où devaient reposer les tables sur lesquelles on procédait au traitement du poisson et, dans les parties orientale et méridionale, d’immenses espaces de stockage, que scande une vingtaine de piliers centraux soutenant la poutre faîtière de la charpente, et où ont été retrouvées de très nombreux fragments d’amphores. Dans l’angle sud-ouest de la fabrique, une pièce carrée a été interprétée comme étant une tour de guet.
Les bassins se distribuent en U autour d’une cour intérieure, séparés par de modestes cloisons de 0,30 m, alors qu’à l’inverse, les fondations des murs de soutènement du bâtiment sont larges et s’enfoncent dans le sol sur plus de 2 m. Aucun bassin ne comporte de système d’évacuation autre qu’une petite cuvette, au centre, pour récupérer les déchets lors du nettoyage. Dix cuves présentent des dimensions égales – env. 3,80 x 2 x 2,1 m de profondeur –, alors que se distinguent deux grands bassins d’angle et que quatre autres regroupés, de taille beaucoup plus réduite (env. 1,5 x 1,8 x 2,1 m de profondeur), totalisent une capacité volumétrique de 23 m3. En additionnant l’ensemble des bassins, la capacité totale de la conserverie pourrait avoisiner d’après A. Hesnard les 270 m3 – env. 190-200 m3 d’après nos propres calculs.
À partir d’une époque que l’on pourrait envisager entre la fin du Ier siècle et le début du IIe siècle ap. J.-C. au vu des céramiques recueillies dans le comblement de la chaufferie et les remblais, l’établissement artisanal connaît une profonde restructuration (fig. 3), laissant alors place à une grande demeure à péristyle, à laquelle est associée une aire de pressage pour l’huile ou le vin. Toutefois, la majorité des installations dédiées aux salaisons continuent à fonctionner jusqu’à la fin du IIIe siècle.
Aucune donnée disponible.
Du début du Ier ap. J.-C. à la fin du IIIe siècle ap. J.-C.
La fouille n’offre aucun contexte stratigraphique scellé scientifiquement exploitable pour déterminer une chronologie fiable pour la production de conserves de poisson. Les planches de dessins de céramiques disponibles présentent, outre un nombre important de céramiques communes (marmites, jattes, bols carénés), une gamme assez large de vaisselles sigillées hispanique et africaine de type claire A (Hayes 3A notamment), ainsi que des amphores de type Dr. 7/11.
L’absence de vases en sigillée claire de type D militerait en faveur d’un abandon avant le IVe siècle ap. J.-C.
Aomar Akerraz, Abdelaziz El Khayari, Laurent Callegarin, «Cotta (Tanger, Morocco)», RAMPPA, Atlantic-Mediterranean Excellence Network on Ancient Fishing Heritage (http://ramppa.uca.es/cetaria/cotta), 01 December, 2016.